L’Académie française se prononce contre la disparition du féminin en « e »

C’était une proposition originale, portée par plusieurs associations, dont l’Association pour l’Egalité des Genres entre les Mots (AEGM) et l’association L’Orthografe pour tous. Leur idée ? Cesser de distinguer les genres au féminin.

 » Le problème avec le « e » à la fin des mots, c’est qu’il stigmatise. On voit un « e », on sait tout de suite que c’est féminin, alors que la plupart des mots ne sont pas des personnes ou des animaux, ce sont des choses qui n’ont pas de sexe, donc pas de genre », explique Amélie Mélo, de l’AEGM.

Grégory Stelling, de l’association L’Orthografe pour tous, ne mâche pas non plus ses mots contre une lettre qui fait « baisser la moyenne des élèves en difficulté ». En effet, analyse-t-il, « L’une des premières choses qu’on apprend aux enfants, c’est cette histoire de « e » à la fin de certains mots et pas à la fin des autres. Certains « e » sont muets, d’autres non, on n’y comprend prend plus rien. D’où des erreurs, des fautes et des appréciations négatives, du genre « tu n’as toujours pas compris à ton âge, que fill, ça s’écrit avec e, et que pne, ça s’écrit avec u à la fin ? ». Ca terrorise les gamins. Le plus simple, c’est de supprimer le « e » ou d’en mettre un partout. ».

Après tout, Georges Pérec n’avait-il pas prophétisé la fin de la lettre « e » dans son roman La disparition ? Tout le monde littéraire, pourtant, n’est pas de cette avis, et c’est à une véritable bataille rangé.e à laquelle nous avons assisté, quai de Conti.

Les éditeurs de dictionnaire et de manuels scolaires ont manifesté hier soir et ce matin devant l’Académie française. Ils ont commencé par rappeler que « le « e » était la lettre la plus courante de l’alphabet. Elle apparaît dans de nombreuses règles de grammaire, d’orthographe et de conjugaison. « Nous serions obligé de retirer environ 20% de nos exercices de français, de diminuer la taille des dictionnaires, des manuels et donc de les vendre moins chers. A la fin, nous serions obligés de licencier des collaborateurs. La disparition du féminin du « e », c’est du chômage en plus. », vitupère Carla Mamain, des éditions Au bout de la langue.

Vers midi, ils ont eu le satisfaction d’être reçus dans le grand salon pour exposer leur point de vue (avec un « e »).

Ce samedi 1er avril 2023, vers 18h, les Immortels ont tranché, au grand soulagement des éditeurs et des professeurs de français : non, le « e » ne disparaîtra, « mais nous réfléchissons à la possibilité de l’étendre à d’autres mots qui n’en comportaient pas. Par exemple, au lieu de « une partie d’échec », nous pourrions écrire « une partie d’échèque ». De même, en cas de victoire annoncée, ce serait « échèque et mate ». La question que nous posons encore, entre académiciens, est de savoir si « mate » devrait prendre un ou deux « t ». C’est un vrai débat. ».

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