Le dernier Hervé Sard est sorti (et j’ai bien ri)

  • Auteur : Hervé Sard
  • Bio : romancier nantais, ingénieur de profession, Hervé Sard a écrit (et publié) 7 romans et 9 nouvelles dans le genre du roman noir/policier.catin21
  • Titre La catin habite au 21, en référence à L’Assassin habite au 21, le film de H.-G. Clouzot et au roman éponyme de l’auteur belge Stanislas-André Steeman.
  • Genre : policier
  • Editeur/Année/Prix : La Baleine, 2014, 9,50 euros
  • Nombre de pages : 180

  • Résumé : une prostituée locale disparaît autour du projet d’aéroport de Sainte-Mère-Les-Joncs et Gabriel Lecouvreur, surnommé « Le Poulpe », prend l’enquête sur un pari. Il rencontre une série de personnages hauts en couleur, habitants du village de Sainte-Mère-Les Joncs, pour ou contre le projet de son construction de l’aéroport, tandis que le mystère sur sa disparition s’épaissit : personne ne semble avoir jamais vu cette fameuse prostituée. Et d’abord, était-elle vraiment une prostituée ?
  • Mon avis : vous avez déjà goûté la différence entre un burger de fast-food et un burger de restaurant ? Eh bien La Catin habite au 21 de Hervé Sard est un burger très goûtu, servi avec une bonne dose d’humour. Ce roman, qui s’inscrit dans la longue lignée des Poulpe (le personnage d’enquêteur inventé par Jean-Bernard Pouy), se dévore rapidement, se digère encore plus vite et après, on en redemande ! Heureusement, Hervé Sard n’en est pas à son premier space-cake et l’on n’aura pas attendre la production d’un autre roman pour goûter d’autres (très bons) plats. Il suffira de cliquer sur le menu ici ou .

Dans ce burger-polar, les personnages nous racontent des salades de très bon goût, l’intrigue est bien fraîche (Sainte-mère-les-Joncs n’a aucun rapport avec un certain projet d’aéroport…), les dialogues et les pensées du personnage relèvent d’un humour mi-lard mi-cochon, façon Michel Audiard. En somme, Hervé Sard a réussi à cuisiner le poulpe de façon originale, avec la touche d’humour, de caricatures et d’inversions étonnantes qui caractérisent son coup de fourchette.

La plus belle inversion, je crois, c’est l’enquêteur qui devient enquêté : il croit poser des questions à des suspects, et ce sont les suspects qui lui posent des questions et qui lui demandent d’enquêter pour eux !

L’enquêteur du Poulpe se caractérise par son indépendance, son allonge exceptionnelle et les discussions au coin du bar. La Catin habite à 21 est donc servie avec de la bière fraîche (et pas du fond de fût !). Souvent calme et posé, le ton monte parfois, avec des moments d’engueulade et d’empoignade, à l’image des films de Jean Gabin et Lino Ventura, et du Maigret de Simenon. Il y a donc un côté « rétro » assumé », qui plaira à la fois aux nostalgiques du film noir et à ceux qui en ont assez de lire sur le papier la même chose qu’on voit dans les téléfilms (avec le trio gagnant « crime sanglant commis par un serial killer » – « police scientifique ou super profiler » – « histoire d’amour entre flics »). Ici, pas d’esbroufe, le cœur de l’enquête, c’est aller à la rencontre des gens et poser des questions… et voir ce qui se passe ensuite. Le Poulpe met la table et on est bien servi.

Je cite :  » Cette aventure m’a permis de rencontrer des gens comme je les aime, avec leurs défauts, leurs manies, et leurs secrets. ».

Evidemment, il y a des ingrédients improbables (le voyant aveugle, la médecin nymphomane…), et des dialogues qui sont plus là pour nous présenter des caractères originaux et mettre notre pauvre inspecteur dans des situations cocasses que pour faire avancer l’enquête proprement dite, mais dans la vraie vie, dans les vraies enquêtes, n’y a-t-il pas aussi des fausses pistes et des impasses ? En prêchant le faux, Hervé Sard arrive à nous dire nos quatre vérités. L’intrigue politico-écolo-médiatique vous réserve quelques surprises pour la fin…

assassin21Sur la fin, justement, je ne suis pas resté sur ma faim. Au contraire, il y avait même peut-être un dernier chapitre de trop, je dirais que l’épilogue n’était pas nécessaire ou alors (car il permet quand même d’expliquer un autre mystère de l’histoire) sous une autre forme (plus triste et plus réaliste) mais là je n’en dit pas plus pour vous laisser le suspense.

Au niveau du style, rien à redire, Monsieur Sard maîtrise son style très coloré, avec des dialogues à la Audiard et une importance très grande donnée à la bande son : les « 90 décibels » (page 10), « l’agence Ahhhh ! » (page 29), la chansonnette (page 46), les zézaiements de la patronne du bar, le coup de l’oreille, le jeune avec les écouteurs, les jeux de mots, etc.

Les titres de chapitre sont à l’image du livre : intrigants et drôles à la fois. Moins drôles cependant que dans Le Crépuscule des Gueux, un autre de ses romans, mais quand même : « Où l’on trinque dans un sous-marin jaune »,  « Où l’on visite un bouge high-tech », « Où la patronne joue du trombone », « Où l’on tente de me décapiter », « Où l’on me présente Jerry Lewis », « Où je suis victime de nymphomanie », « Où l’on me mue en fonctionnaire »…

Les chapitres sont courts, le rythme est là, on tourne la page et paf ! Entrée-plat-dessert, voilà que le livre est terminé, l’histoire complète, il n’y a pas besoin de lire la trilogie ou les dix tomes qui suivent pour connaître la fin, ça fait du bien.

Le livre est publié aux éditions la Baleine au format poche, vous n’aurez donc qu’à vous ruer sur votre libraire habituel pour dépenser les 9 euros et des bananes que coûte ce petit bijou en rose et bas résilles.

  • Note : 4/5 plumes

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NOUVEAU : rencontrez Hervé Sard à un séminaire d’écriture au Château de Haute-Goulaine le  19 avril 2015 !

  • Auteur de l’article : Damien Porte-Plume

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